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Vous le connaissez pas mais il vous a sauvé la vie. le Leadership humaniste d'un sous-marinier

Il est bien rare, chez Pacific Ventury de faire l'éloge de l'héroïsme, et surtout de l'héroïsme individuel.

Mais l'histoire que nous allons évoquer dans cet article a toute les raisons de faire exception à la règle car cet héroïsme s'est exprimé au nom et pour le bénéfice de l'humanité.


Et à l'heure où le monde s'inquiète de l'émergence d'une nouvelle guerre, il paraît pertinent de revenir sur cette histoire. L'histoire d'un homme qui n'a pas cru que la violence et l'annihilation aveugle de l'autre serait la solution.


Bien trop souvent, ces dernières années, les élans souverainistes et nationalistes sont venus relancer ces envolées de conquête, de bravoure guerrière, de la domination physique sur le besoin naturel et humain de paix et de collaboration.


C'était également le cas dans les années 1960, en plein coeur de la "guerre froide". A cette époque la course aux armements les plus fous état de mise, comme l'a si bien illustré Stanley Kubrick dans son célèbre "Docteur Folamour".


Et en 1962 démarra ce que l'on connaît désormais sous le nom de "crise des missiles de Cuba".

Cet évènement géopolitique est considéré comme un tournant dans l'histoire de l'humanité qui a frôlé une guerre nucléaire réelle.

Cet évènement géopolitique est considéré comme un tournant dans l'histoire de l'humanité qui a frôlé une guerre nucléaire réelle.


Cette guerre nucléaire, qui aurait pu entraîner la mort de millions et la destruction d'une grande partie de notre planète, a été évitée par la volonté reconnue aujourd'hui des leaders d'alors d'éviter un affrontement frontal malgré la pression intense portée par leurs appareils militaires respectifs.

Kennedy et Krouchtchev sont encore aujourd'hui loués pour leur sang-froid et leur capacité à dialoguer de façon subtile mais efficace afin d'éviter toute incompréhension et malentendu qui aurait mené à une décision irréversible.


Mais plus que tout, c'est l'attitude d'un homme, dont vous n'avez sûrement jamais entendu parler, qui a, à un cheveu près, évité le pire. Cet homme se nomme Vassili Arkhipov. Vassili était un officier d'un sous-marin soviétique nucléaire qui croisait dans les eaux de Cuba.


Soumis à des charges de détonation américaines sensées faire émerger le sous-marin, le capitaine du bâtiment, alors soumis à un black-out des communications, n'étaient pas informé des intentions américaines.


Ayant reçu l'ordre de lancer ses missiles nucléaires en cas d'alerte sans l'aval préalable du Kremlin, le capitaine décida donc que ces détonations constituaient une agression et que très certainement cela était le signe du début d'un affrontement militaire entre les 2 grandes puissances d'alors.


Il décida donc qu'il devait suivre les ordres qui lui avaient été donnés et qu'il était de son devoir de lancer ses missiles nucléaires. Pour cela, il lui fallait simplement obtenir l'accord et la validation complémentaire de deux de ses officiers à bord. L'un de ses officiers était Vassili.


Et Vassili refusa.


Incertain de la situation, mais conscient que les conditions de vie dans le sous-marin avaient sûrement impacté les capacités de décision de son commandant, Vassili décida de tenir ses positions et le missile ne fut jamais lancé.


Que cela soit la bonne décision, il ne pouvait le savoir à l'instant de sa décision.

Que cela soit la bonne décision, il ne pouvait le savoir à l'instant de sa décision.

Enfermé dans son sous-marin avec le reste de l'équipage, après des jours sans voir la surface, dans une ambiance de sauna permanente (le système de climatisation ayant cessé de fonctionné), on peut facilement imaginer la difficulté à garder une capacité de décision posée et son sang-froid lorsque l'on fait l'objet de détonations dans son environnement immédiat.

Il est difficile de savoir exactement ce qu'il s'est passé dans ce sous-marin. Mais chacun d'entre nous peut entrevoir les conditions d'une situation d'extrême tension, d'intense stress.


Dans un contexte moins intense, nous nous sommes toutes et tous un jour retrouvés dans une situation où nous devions prendre une décision importante dans un temps très court, sous forte pression nerveuse.


L'exemple de Vassili nous pousse à nous poser la question: et moi qu'aurai-je fait?

L'exemple de Vassili nous pousse à nous poser la question: et moi qu'aurai-je fait? Lorsqu'un supérieur nous presse à prendre une décision qui va dans son sens, combien de fois acceptons-nous de suivre sa demande même si nous savons que cela est la mauvaise décision? Et combien de fois le faisons-nous alors que le contexte est "normal" et que, contrairement à Vassili, la décision n'est pas prise dans un cigare d'acier, plusieurs dizaines de mètres sous l'eau, enfermé avec des têtes nucléaires et autres systèmes d'armement, dans une chaleur et promiscuité intense?


La force d'esprit et de maîtrise de soi, sa capacité à s'en tenir à son jugement éthique et à son esprit critique a sauvé le monde d'une guerre nucléaire.


La personnalité et le caractère de l'individu joue bien sûr un rôle important dans ce contexte. Vassili était en effet connu pour avoir été un élément déterminant dans le sauvetage du fameux K-19. Maintenant son sang-froid alors qu'une fuite du réacteur nucléaire avait contaminé le navire, Vassili est resté fidèle à son commandant et à suivi les ordres, certains qu'en cet instant c'était la meilleure chose à faire pour sauver l'équipage, plutôt que d'évacuer dans la panique et se retrouver piégé sur une île sans risque d'assistance immédiate.


Il n'était donc pas un rebelle. Il n'était pas un contradicteur né. Il ne se considérait pas comme un héro également et, à plusieurs accomptes, a toujours tenu à minimiser son rôle dans la situation.


Mais il n'empêche qu'il a su maintenir ses émotions sous contrôle dans chacune de ces situations particulièrement extrêmes, maintenir sa grille d'analyse éthique et humaine pour prendre la décision qui servait l'intérêt de tous plutôt que son instinct immédiat.


Etait-ce une attitude innée? Ou bien est-ce quelque chose qu'il a construit au travers d'une discipline personnelle, d'une vision claire mais aussi et surtout de règles de vie et d'une éthique pratiquée et non juste déclarée?


Récemment salué par le Future of Life institute qui lui a remis, à titre posthume, le "Future of life award", Vassili était salué en ces termes par sa fille:

«Il a toujours pensé qu'il faisait ce qu'il avait à faire et n'a jamais considéré ses actions comme de l'héroïsme. Il a agi comme un homme qui savait quels types de catastrophes peuvent provenir des radiations », a-t-elle déclaré. «Il a fait sa part pour l'avenir afin que chacun puisse vivre sur notre planète.»

Cette dernière phrase nous en dit beaucoup sur l'homme qu'il était: un humain conscient de ses responsabilités et de son rôle. si chacun d'entre nous prenait l'engagement quotidien de "faire sa part" pour le bénéfice de tous, nous pourrions facilement développer des milliers de Vassili, des individus responsables conscients que leur intérêt individuel est aussi vital que l'intérêt de tous. Ni plus important, ni moins important. La conscience de faire partie d'un ensemble cohérent et solidaire, pas un "loup parmi les loups".


L'histoire de Vassili nous appelle à plusieurs conclusions lorsqu'il nous arrive de prendre des décisions:

  • à quel point devons-nous suivre par raison plutôt que par souci de plaire?

  • à quel moment nous appartient-il de faire face à l'autorité et de la contredire pour éviter une mauvaise décision?

  • qu'advient-il de nos capacités décisionnelles lorsque nous sommes soumis à une intense pression? face au rejet et à la pression de l'autorité, comment pouvons-nous éviter de perdre notre compas moral?

Si vous êtes en position de décideur, quel que soit votre niveau hiérarchique, vous pouvez vous retrouver en situation où le choix qui s'offre à vous paraît difficile. Dans ce cadre, comment vous assurer que la décision que vous prendrez sera celle qui sauvera l'humanité et qui, de façon plus réaliste, sera une décision que vous saurez conforme à qui vous êtes (en termes de valeurs, d'éthiques et de contrôle de soi) et non une décision qui vous pèsera sur le long terme, sachant que ce n'est pas ce que vous auriez dû décidé.


L'éthique est un compas moral, un soutien réel qui nous permet, en tant qu'individus, de garder notre capacité d'analyse et notre esprit critique y compris dans les pires situations. Il ne s'agit ni d'une posture de façade ni d'un cadre contraignant figé. Mais il s'agit bien plutôt de règles de questionnement qui nous apporte la clarté et la confiance nécessaire pour faire ce qui nous semble juste avant de faire ce qui nous apparaît facile.


Entretenir son éthique au quotidien c'est bâtir sa résilience pour que, lorsque nous serons face à une situation aussi pressante et difficile que celle de Vassili, nous soyons capable, à son image, de prendre la décision qui sauvera l'humanité.

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